Permis de conduire, permis de tuer !

Publié le par Lamartine Valcin dit Mariental

Ce qui se passe sur les routes haïtiennes est infernal. Les chauffeurs de poids lourds roulent à grande vitesse, sans se rendre compte de l’état de leur véhicule et de leur embarquement, illimité en poids et en nombre d’individus ou de sacs de marchandises transportés. Ce qui compte pour eux, c’est d’arriver en premier et pour cela ils accélèrent plus fort que le concurrent.

Ce genre de courses sans aucune limitation de vitesse provoque  très souvent des accidents graves, causant la mort de dizaines d’individus.

Pas besoin d’être un expert pour déterminer les causes des accidents sur les routes haïtiennes. Si ce n’est pas l’excès de vitesse, c’est le mauvais état du véhicule ou le sur-chargement. Si ce n’est ni l’un ni l’autre, c’est sûrement le fait exprès.

Cela peut paraître fort étonnant, surtout pour quelqu’un qui n’a jamais vécu en Haïti, mais c’est malheureusement la triste réalité dans notre pays.

Juste par le fait qu’il veut passer, un chauffeur de poids lourds peut écraser une petite voiture remplie d’individus qui lui crée  un obstacle.

Leur loi sur les routes nationales est la suivante : je te klaxonne et tu prends le trottoir, au bout de deux sons je t’envoie au diable.

Ces malfaiteurs n’hésitent même pas à foncer avec leur camion sur une bande de « Rara » qui investit la rue et à tuer des manifestants sur le champ.

Depuis bien longtemps, cela était toujours comme ça. Il y a tellement d’accidents exprès, tellement de victimes du côté des villes de provinces, que de nos jours en cas d’accident exprès ou pas, le chauffeur doit se sauver pour ne pas se faire tuer par la population, car elle ne fait plus de différence entre accident et crime, c’est à elle de se protéger et de se défendre. Elle n’a pas de recours à la justice. Elle est condamnée à se faire justice elle même.

Un chauffeur qui commet un tel crime ne risque pas grand-chose. L’assassin peut prendre le volant dès le lendemain de son crime sous le regard des parents des victimes.

Ce climat de violence, est particulièrement toléré par l’Etat. Parce qu’un bandit de ce genre n’a qu’à se rendre à un poste de police pour se mettre en sécurité, raconter des bobards aux policiers et payer une indemnité  pour avoir commis un accident.

Il ne risque aucune poursuite, pourvu que son véhicule soit assuré par l’OAVCT. Dans ce cas, il est en liberté et automatiquement autorisé à reprendre le volant, pendant que les parents des victimes se débrouillent pour enterrer leur mort, sans le moindre espoir d’obtenir justice un jour. Aucune enquête n’est envisageable, le chauffeur a toujours raison. Et demain il conserve le droit de courir plus vite et de tuer plus de gens, car son permis de conduire est synonyme de permis de tuer.

Le chauffeur meurtrier est en liberté, le véhicule en réparation et les victimes sont mortes. c’est tout, rien de plus.

Comment veut-on parler de la paix et de la justice dans une société où l’on ne respecte pas la vie, où tuer un être humain de son propre gré est considéré comme une infraction de rien du tout ?

En fin de compte, si l’Etat ne met pas un frein à cette ambiance de violence acharnée entre les chauffeurs de poids lourds, les petites voitures et la population des banlieues plus précisément, on n’est pas près de finir de compter les morts sur la route ni d’assister à des actes de violence et de vengeance.

adapté à "Mon plan pour Haiti"

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Comme d'hab mon cher frère tu as un avis juste et objectif de ton pays que j'aime tant, j'ai eu l'impression d'y être.<br /> Gwo bo mon frère
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