Au peuple de l’histoire.

Peuple haïtien, peuple de l’histoire,

En ce beau jour de l’an et de la fête nationale, nous te souhaitons nos vœux les meilleurs ;  joyeuses fêtes ; bon discernement  et excellent choix ! Nous les formulons ainsi parce que l’an 10 est une année remarquable mais une étape très importante pour toi. Il est non seulement le point d’intersection entre la première et la deuxième décennie du siècle mais aussi le carrefour où va se jouer ton devenir car en automne tu as rendez-vous avec ton destin.

Comme tous les cinq ans, tu vas être convoqué aux urnes pour accomplir ton devoir civique. Un devoir civique qui, on le sait bien te laisse toujours sans voix.

A force de te faire duper chaque fois que tu donnes ta confiance, tu te méfies de tout. Tu ne fais plus aucune différence entre le bon et le mauvais. Tu mets tout le monde dans le même panier. Tu t’en lasses et tu te dis que ton cas est peine perdue et qu’il n’y a plus rien à faire…

Tout cela est compréhensible. Mais peuple combattant, n’est-ce pas toi qui as juré le premier janvier 1804 de vivre libre ou de mourir ? De combattre pour la liberté jusqu’au dernier soupire ? N’est-ce pas toi qui dis toujours :" toutan tèt poko koupe li espere met capo" ?

Alors, ressaisis-toi. Ce n’est pas le moment de t’enliser dans la perplexité. Pas le moment d’abandonner, ton heure est proche.

Relève-toi peuple vaillant. Va montrer au monde entier que tu es digne de ce nom. Va rejouer ton histoire pour mieux appréhender ton avenir. Quitte ta spirale négative, remue ta mémoire et dis avec conviction : cette année, j’ai un choix ultime à faire.

Oui, c’est ta dernière chance et tu n’as pas le droit à l’erreur car il ne te reste qu’une seule carte. A toi de faire appel à ton sens de l’observation pour faire la part des choses et enrayer la routine du vote à l’aveugle. A toi de bien noter les critères sur lesquels tu choisiras ton berger.

Cette année, j’ai un choix ultime à faire. Que tu considères cette parole comme un passage nouveau de ton hymne national. Qu’elle résonne dans ton âme comme une chanson quotidienne qui t’incite à mettre la panoplie de la recherche de ton " homme de la situation" à hauteur de tes attentes et de ton espérance.

Tu n’as pas de temps à peine, il y a tout à refaire. C’est maintenant qu’il faut commencer à le chercher car il n’est pas trop tôt pour penser pays ni trop tard pour réorganiser tout.

Cherche-le partout : à Port-au-Prince comme dans les villes de province, dans les bidonvilles comme à Pétionville, sur la toile comme dans le dixième département on ne sait jamais !

Quand tu le trouveras, tu sauras le reconnaître. Il te parlera de justice et de paix, de la réconciliation nationale et d’ouverture sur le monde. A travers ses mots, tu verras danser ta délivrance comme on voit venir un avenir prometteur. Il fera de toi sa priorité et en bon berger, il te conduira…

Le jour de ta gloire, la famine, l’oppression et l’agitation sociale ne seront que des souvenirs lointains. Le massif de la Selle serrera la main des montagnes du nord. Les petits esclaves de Saint-Domingue deviendront des princes de la liberté. Les poètes du monde entier et les sambas chanteront ta délivrance. Toutes les nations s’associeront à toi et elles diront : tu es vraiment libre.

Aujourd’hui peuple dansant, c’est ta fête. Fortifie-toi, mange de la soupe " joumou" (giraumont) et reprends courage car à chaque problème une solution et un homme à chaque situation.

La  relèv - John Steve Brunache

Lamartine Valcin + Mariental (Haïti)

lamartinevalcin@yahoo.fr