Le carnaval haitien en long et en large (part II)

Publié le par Mariental

Dans ce chapitre, il y a autant à faire que beaucoup à dire pour que le carnaval haïtien retrouve ses lettres de noblesse et prenne sa dimension internationale.
Pour commencer, il n'a pas mieux à dire que les haïtiens sont forts doués pour le carnaval. Cette approche nous conduit tout droit à certains détails artistiques.
Considérons les masques et les déguisements (carnaval de Jacmel surtout), considérons la mélodie et les textes pour le moins poétiques qui composent les quelques dizaines de meringues carnavalesques diffusées sur les ondes des stations de radio haïtienne chaque année, les chars des reine, ceux des rois et ceux comparables à une poésie musicale ambulante sur lesquels perchent les groupes musicaux admis à faire le parcours du défilé des trois jours gras, on voit tout de suite qu'on est en présence des oeuvres d'art à l'échelle poétique.
Ce qui est important à dire là-dessus, c'est que ces merveilles sont pour la plupart les oeuvres des jeunes de rue qui n'ont même pas eu la chance d'aller à l'école et qui travaillent avec des matériaux recyclés (des objets trouvés dans la rue parfois, le mariage de l'écologie et l'art). Sans négliger pour autant le travail de titan des nos ingénieurs pour dresser et sonoriser les chars et celui des techniciens de la TELECO capables de fournir en un rien de temps une ligne téléphonique à un propriétaire de stand sur le parcours des trois jours gras.
Quand on considère avec quelle rapidité et précision qu'un groupe de jeunes peut monter un stand digne d'un abri royal sur le Champs-de-Mars, on voit l'art et l'habilité. Tout cela pour dire que l'haïtien a l'art dans le sang ceci quelque soit son niveau d'étude, sa classe sociale, son groupe ethnique…
En effet, le carnaval est un précieux sésame culturel que Haïti devrait s'en servir pour se faire connaître sur le plan international et se révéler culturellement positive aux yeux du monde entier.
Comme je le disais dans l'un de mes articles, le carnaval est un atout majeur pour l'économie haïtienne. C'est donc l'occasion pour fabricants et commerçants d'investir à font dans la publicité pour faire connaître leurs produits et attirer de nouveaux clients. Toute industrie converge vers un seul objectif, se faire connaître d'avantage à travers les ondes des radios, le petit écran, les affiches géantes implantées un peu partout, des t-shirt distribués aux mélomanes plus fous que les décibels et surtout sur le parcours du défilé des trois jours gras où l'on remarque d'habitude des grands panneaux publicitaires sur les chars susceptibles d'attirer beaucoup de regards.
Les institutions publiques et privées se trempent aussi. C'est dans cet esprit que l'on retrouve sur le parcours, des chars de la mairie de la capitale, de certains Ministère comme le Ministère de la culture, de l'Agriculture… et de certaines banques commerciales… Les gens sortent en masse, les touristes se montrent timidement plus nombreux, les chiffres de vente des produits de toute sorte sont en hausse et c'est l'économie haïtienne qui va mieux en tout cas pour un bref moment.
C'est le moment où l'on constate que les maires des certaines villes comme Port-au-Prince motiver car qui dit carnaval en Haïti dit déblocage de fonds par l'Etat. En dépit de la forte participation du secteur privée, l'Etat investit beaucoup dans le carnaval par le biais de la municipalité. (L'organisation du carnaval et la subvention des groupes participant).
Cependant malgré tous ces efforts et ses dépenses, il y a comme un bémol, c'est que le carnaval haïtien demeure jusqu'ici une affaire nationale. Plusieurs facteurs expliquent ce fait mais je vais insister sur l'un d'entre eux:
La réticence du Ministère haïtien de la culture à propulser la culture haïtienne sur le plan international.
Les brésiliens par exemple, ils ont pris conscience de cette richesse culturelle qu'ils ont chez eux et ils s'en servent pour promouvoir leur pays à travers le monde. C'est ainsi quand qu'on dit carnaval, on voit tout de suite Rio.
Une petite parenthèse, si c'était nos voisins dominicains qui possédaient ce don du carnaval que nous avons nous les haïtiens, je paris qu'ils y distingueraient un précieux sésame leur permettant de s'imposer partout dans le monde.
Ici, en Europe, dans toutes les agences de voyage quand on parle de voyage dans les caraïbes, on vous propose en tête de liste Saint-Domingue. Ce n'est pas sans raison s'ils sont aussi bien placés. Ils maintiennent un minimum de paix chez eux et les responsables de leur ministère de la culture ont fait le déplacement jusqu'en France pour lancer le pays et faire découvrir aux européens la magie de leur bout de terre. Et nous les haïtiens, qu'est-ce qu'on fait ? A part rester dans la routine d'une mauvaise polémique peu ambitieuse pour la culture haïtienne. je ne vois pas comment grâce à eux que le carnaval haïtien prendra une dimension internationale.

Publié dans Haiti-Culture

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